Qu’il est souffrant de sentir cette douleur en soi. Elle vient nous cogner à l’intérieur  comme des coups de couteaux, c’est tellement insupportable qu’on voudrait l’arracher comme un sparadrap, crier un bon coup et ne plus jamais la ressentir.

De plus, la jalousie n’est pas un vécu qui est socialement bien vu. Il est donc difficilement avouable aux autres mais aussi à soi-même. On sent juste en soi qu’on n’est pas d’accord, que ça lutte et que ça fait mal. L’identifier et l’accepter n’est pas évident, c’est pourquoi elle sort de manière défensive et est à l’origine de grandes souffrances relationnelles.

Des exemples de jalousie :

Celle qu’on peut ressentir quand une jolie femme montre un soudain intérêt pour notre homme ou à l’inverse, que votre femme vous parle avec les yeux qui pétillent de son nouveau collègue…

Il existe des jalousies dont on parle moins, qui sont bien plus tabous et par là-même pourtant qui font tant de dégâts…

Ce sont des situations dans lesquelles on ne peut exclure la troisième personne. Quand cette personne était dans le cœur de l’autre avant notre arrivée ou qu’elle a une place indispensable dans la vie de notre conjoint (e). C’est alors difficile d’être le témoin de tout ce que notre amoureux (se) lui donne, son amour, son temps, son attention….

On la rencontre beaucoup dans les familles recomposées. Comme il peut être douloureux de faire l’expérience de la jalousie face aux échanges de notre bien-aimée avec cet enfant qui est le sien mais pas le nôtre alors que l’on s’est imaginé que tout se passerait bien, qu’on le vivrait bien. Le vécu est toujours plein de surprises…

Mais j’ai aussi rencontré cette jalousie dans des familles non recomposées. Au début, il y a un couple qui s’aime, qui partage son affection. Et puis un troisième petit être arrive, un bébé tant désiré mais qui bouleverse l’équilibre affectif du couple. Avant, l’autre faisait de nous sa priorité, quand il avait besoin d’affection, c’était vers nous qu’il se tournait systématiquement. Maintenant, ce petit être le nourrit tellement que nous voici relégué au second rang. Et hop voici arrivée la jalousie parce que tout simplement ça fait mal. Mais comment s’avouer que l’on est jaloux de notre propre enfant?

On peut la retrouver aussi quand une personne du couple adopte un animal et se met à lui prodiguer toute l’affection du monde…ou quand sa passion pour un sport ou un jeu l’émerveille plus que nous.

Comment on s’en défend ? : la fermeture, le rejet, la critique.

Comme il s’agit finalement d’une relation qui passe de deux à trois même si le troisième est un jeu vidéo ou le chien, on se retrouve dans une situation triangulaire où le réflexe premier est toujours de tenter d’en exclure un pour se retrouver en duo.

Comme ça fait tellement mal, on peut choisir inconsciemment de se fermer à l’autre mais aussi à sa douleur intérieure. On tente de faire l’autruche, on ignore ce qui fait mal, on ignore l’autre et on s’ignore aussi soi-même. On s’éloigne alors physiquement et psychiquement. C’est une forme d’autopunition qui détruit la relation à petit feu. On s’exclut de la triangulaire. Des couples peuvent aller jusqu’à la séparation ainsi.

On peut aussi tomber dans la critique et le blâme de celui que l’on veut inconsciemment exclure. On espère alors de convaincre celui dont on veut n’était pas recommandable car c’était trop dur de se sentir exclu du duo, de ne plus être aussi proche de leur enfant mais cela peut se passer dans l’autre sens.

Ou des hommes et des femmes rejeter leur conjoint car c’était trop souffrant de le voir prodiguer son attention ou son amour à leurs propres enfants alors que le manque entre eux était criant. Quelle souffrance peut causer cette jalousie quand elle n’est pas conscientisée….

Comment faire avec?

  1. La conscientiser, la nommer. Pour cela vous devrez peut-être traverser la honte de ressentir cette jalousie. Je vous invite à être bienveillant envers vous-même. On est tous concerné par la jalousie. C’est un signal qui nous mène à des besoins insatisfaits.

  2. Prendre le temps d’accepter ce vécu. Soyez sensible à vous, il se peut que cette situation vous ramène à une blessure de rejet déjà vécue. Et ne vous étiquetez surtout pas, vous n’êtes pas quelqu’un de jaloux ou quelqu’un de pas correct. C’est seulement que dans cette situation précise, vous êtes déclenché dans la jalousie car vous avez mal.

  3. Trouvez quels sont les besoins insatisfaits avec l’une ou les deux personnes du triangle relationnel (d’attention, de se sentir important pour l’autre, d’être choisi, de se sentir aimé,..) Si voir l’autre prendre son chat dans ses bras vous fait mal, peut-être est-ce que vous aussi vous aimeriez être pris dans les bras? Si entendre que votre conjoint a choisi de passer son week-end seul avec son fils vous fait souffrir, peut-être avez-vous besoin d’être choisi une prochaine fois pour un week-end amoureux. Si voir votre femme allaiter son bébé et ne plus avoir de temps pour vous est difficile, peut-être avez-vous besoin d’être rassuré sur son amour et son engagement envers vous ou sur votre utilité?
    Je vous laisse identifier vos besoins avec les personnes concernées. N’hésitez pas à vous faire aider si vous n’y arrivez pas.
    Maintenant que vous avez identifié vos besoins, la prochaine étape sera de trouver des moyens de vous en occuper. Par exemple, en proposant à votre conjoint un week-end à deux, en lui demandant de vous accorder une heure sans être accroché à son téléphone, en vérifiant et en lui demandant de vous dire que vous êtes toujours important pour lui.

  4. Si vous bloquez à l’étape 3, c’est qu’il y a des freins à allez voir. Avez-vous tendance à ne pas savoir demander (sensation de quémander)?
    À attendre que l’autre devine?
    Avez-vous accepté vos besoins affectifs? Savez-vous recevoir quand on vous donne? Attendez-vous trop de la personne?
    Tous ces freins peuvent faire que vos besoins restent en manque et que la jalousie gagne en ampleur.

  5. Arriver à cette étape, vous êtes prêts à vous exprimer à l’autre en toute honnêteté sans reproche et sans défensive.

Quand je te vois faire ou que je t’entends dire…

Je ressens de la jalousie, ça m’fait mal…

J’aurais besoin de…

Maintenant, je vous laisse faire votre chemin pour mieux vivre avec cette jalousie que se réveillera encore et sera là pour vous amener à vous occuper de vous et de vos besoins en manque.

Chantal Côté, TRA. Thérapeute en relation d’aide ᴹᴰ